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Au nom des travailleurs de la mer

Editorial La Presse

 

Dimanche dernier, les unités de la Garde maritime ont retrouvé les corps des deux personnes portées disparues au large de l’île de Djerba. Les deux défunts, des ressortissants tunisiens, étaient âgés de 44 et 52 ans. Vraisemblablement passionnés de pêche, selon les informations propagées par bribes çà et là, sans être des professionnels aguerris, ils avaient l’habitude de prendre la mer et de rentrer chez eux le chalutier chargé de poissons. Cette fois-ci, hélas, ils y ont laissé leur vie.

Depuis samedi 20 avril, jour de leur sortie en mer à partir de 13h, le contact avec les apprentis pêcheurs avait été perdu. La Garde maritime a entamé les opérations de recherche et mobilisé des patrouilles terrestres et marines. Les unités militaires, venues en renfort, ont affrété un hélicoptère. Les corps ont été repêchés dimanche tard. Pas plus de détails sur l’origine de l’accident. S’étaient-ils perdus en mer ? Leur embarcation avait-elle chaviré, coulé ? Nous pouvons énumérer à l’infini les causes possibles qui ont conduit à la mort des deux pêcheurs amateurs, tant que des données officielles et précises ne sont pas révélées.

Autre question préoccupante qui se pose à la suite de ce naufrage tragique : peut-on prendre la mer quand on veut ici en Tunisie ? Théoriquement oui. Avec un littoral qui court sur quelque 1 300 km dont plus « de 550 plages sablonneuses, apprend-on, et une côte découpée mais relativement basse », il est difficile d’installer des contrôles humains et technologiques sur chaque plage et chaque port de pêche.

Mis à part les grands ports et rivages, pourvus, l’on suppose, de garde-côtes chargés, entre autres, de la sécurité civile, on peut plus ou moins aisément sortir pêcher, mais aussi tenter de rejoindre clandestinement les côtes de la péninsule italienne. Ce sont les données géographiques et objectives qui le permettent.

A bien des égards, les difficultés des autorités prennent des dimensions autrement plus complexes, lorsqu’il s’agit de contrôler non pas uniquement les départs des pêcheurs, mais également ceux, plus subreptices, des migrants clandestins, sur un tel littoral s’étirant en longueur.

Hier, le temps s’est gâté sur l’ensemble du pays. Le bulletin météo annonçait des nuages denses avec pluies éparses, des températures en baisse et, surtout, une mer très agitée à houleuse. Peut-on pêcher par ce temps ? En tel cas, les pêcheurs, notamment artisanaux, sont toujours pris entre deux feux existentiels ; prendre la mer et courir le risque d’y périr. Ou alors rester chez soi et ne pas gagner sa croûte. Ce dilemme, mais aussi plusieurs autres éléments liés, devraient inciter les autorités à instaurer un système efficace pour contrôler et surveiller les activités des pêcheurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Et mettre en place une politique sociale pour amortir les jours sans travail et mettre à l’abri du besoin et des dangers ces travailleurs de la mer.

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